Chris IggoCIO d’AXA IM Core Investments
26 janvier 2022
Des surprises, des défis et des opportunités se profilent à l’horizon 2022. Nous tentons ici de répondre à quelques-unes des principales questions que les investisseurs vont devoir se poser au cours des douze prochains mois, dont les grandes lignes seront la fin éventuelle de la pandémie, la hausse de l’inflation, le resserrement des politiques monétaires et l’intensification des efforts pour atteindre un bilan carbone net zéro.
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La pandémie et la hausse de l’inflation ont constitué les principaux moteurs des marchés en 2021. Mais, cette année-là, la pression économique qui a dominé en 2020 a enfin commencé à relâcher son emprise, alors que le monde retrouvait progressivement un semblant de normalité
à partir du second semestre de l’année dernière.
L’économie mondiale a connu une grave contraction en 2020, avec un recul de 3,2 % du PIB mondial réel. Cependant, grâce à la mise en place des campagnes de vaccination, qui ont permis la sortie progressive d’un long confinement, on a assisté l’année dernière à une reprise significative – et l’on estime aujourd’hui la croissance mondiale à 5,7 % en 2021, avec une prévision de 4,2 % pour 20221.
De même, malgré un contexte incertain, les marchés d’actions ont eux aussi continué à offrir des rendements supérieurs à la moyenne, avec des actions en hausse de 22 % sur l’année – dépassant les 16 % de 20212.
En ce qui concerne les rendements des revenus fixes, le bilan est moins glorieux, puisque les obligations d’Etat ont chuté de 7 % - même si les obligations mondiales à rendement élevé sont parvenues à réaliser le gain plus respectable de 1 % -, en raison de la hausse brutale de l’inflation et des inquiétudes subséquentes concernant le resserrement de la politique monétaire3.
Au-delà du Covid-19, l’année a été riche en événements et en rebondissements. Les investisseurs ont assisté à la montée en puissance des actions mèmes
, notamment celles du distributeur américain de jeux vidéo GameStop, qui ont vu leur valeur s’envoler d’environ 1 700 % en l’espace d’un mois seulement4.
Le bitcoin, lui, a atteint son plus haut niveau historique. La Banque populaire de Chine, de son côté, a injecté une importante quantité de liquidités dans le système bancaire afin de soutenir le secteur de l’immobilier après qu’Evergrande, l’un des plus gros promoteurs du pays (et l’un des plus endettés) s’est retrouvé dans une situation délicate. Et pourtant, la situation générale est celle d’un monde en forte croissance, qui trouve de plus en plus de ressources pour faire face à la pandémie. La croissance est de retour, et avec elle, de nouveaux problèmes…
D’autres surprises, d’autres défis et d’autres opportunités se profilent à l’horizon 2022. Nous tentons ici de répondre à quelques-unes des principales questions que les investisseurs vont devoir se poser au cours des douze prochains mois, dont les grandes lignes seront la fin éventuelle de la pandémie, la hausse de l’inflation, le resserrement des politiques monétaires et l’intensification des efforts pour atteindre un bilan carbone net zéro.
Deux ans après le début de la crise sanitaire, la question de savoir si la fin de la pandémie est en vue fait actuellement l’objet de tous les débats : le variant Omicron, bien que plus contagieux, semble avoir un moindre impact sur les personnes qu’il contamine. Mais si l’Organisation mondiale de la santé a averti qu’il était trop tôt pour considérer le Covid-19 comme une maladie endémique telle que la grippe, plusieurs études prouvent que le risque d’hospitalisation lié à Omicron est plus faible que pour le variant Delta, ce que confirment des données récentes5.
Ce qui ne fait cependant aucun doute, c’est que le virus reste une source d’inquiétude majeure pour les investisseurs et que son influence est toujours très prégnante sur l’offre et la demande, et donc sur le comportement du marché dans son ensemble.
Poursuivre le déploiement des campagnes de vaccination partout dans le monde est une nécessité, en particulier dans de nombreuses économies en développement qui ont été confrontées à des pénuries de vaccins. La présence du virus à nos côtés continue d’accompagner notre vie quotidienne en ce début 2022, empêchant de façon manifeste un retour complet à la normalité
qui prévalait avant janvier 2020. Mais la fin est peut-être en train de se profiler, et c’est une excellente nouvelle pour les perspectives économiques et pour les investisseurs.
Cela fait des années que l’inflation représente un vrai défi pour les banques centrales, même lorsqu’il s’agit d’essayer de la faire augmenter. Mais après le boom de la demande qui a suivi l’effondrement de la bulle immobilière, les responsables politiques sont désormais confrontés à la nécessité de la faire baisser, après une augmentation du coût de la vie au second semestre de l’année dernière. Les chiffres du mois de décembre montrent qu’aux Etats-Unis les prix augmentent à leur rythme le plus rapide depuis près de quarante ans, avec un taux d’inflation de 7 % en glissement annuel6.
A l’heure actuelle, nous estimons que l’inflation devrait commencer à se résorber au cours de l’année 2022. Ce point de vue, partagé par le marché, a jusqu’ici entravé l’augmentation significative des rendements obligataires à long terme – bien que ceux-ci soient à présent à la hausse. C’est aussi en 2022 que plusieurs grandes banques centrales vont probablement commencer à relever leurs taux directeurs par rapport à leurs niveaux de crise pandémique. L’anticipation de ces changements d’orientation de la politique monétaire crée une certaine volatilité sur le marché en ce début d’année, mettant en difficulté les marchés d’actions et d’obligations.
Cependant, cette année, les investisseurs vont devoir prendre en compte plusieurs facteurs concernant l’orientation probable de l’inflation : les banques centrales devront-elles en faire plus que prévu, c’est-à-dire faire ce qui a été convenu ? Les investisseurs devront-ils adapter leurs portefeuilles pour se protéger si la situation prend une tournure inattendue, voire négative ? Certains actifs se sont déjà mieux comportés que d’habitude dans ce contexte d’inflation élevée.
Les obligations les plus remarquables, voire les plus surprenantes, ont été celles indexées sur l’inflation. A court terme, les marchés s’adaptent à la réalité d’une inflation en hausse et aux taux d’intérêt plus élevés qui en découlent. Mais une grande partie de cette hausse a déjà été répercutée sur les prix, et une fois qu’un nouvel équilibre
aura été trouvé, la volatilité pourrait à nouveau diminuer, favorisant ainsi les rendements des investissements.
Dans le sillage d’une inflation en hausse, les taux d’intérêt vont eux aussi devoir être relevés. Cette augmentation, qui part de niveaux très bas, sera probablement limitée par rapport aux normes historiques ; ce qui est en revanche plus certain, c’est que l’ère des politiques monétaires liées à la crise pandémique touche à sa fin.
Ces hausses ont déjà été constatées en Nouvelle-Zélande, en Pologne, en Norvège, en Corée du Sud, en République tchèque et, plus récemment, au Royaume-Uni, à mesure que les banques centrales allègent les mesures d’urgence mises en place au cours de la pandémie. Mais l’augmentation des coûts d’emprunt se répercutera de façon différente sur les rendements des marchés obligataires et boursiers, comme sur la croissance économique en général.
Les marchés ont toutefois anticipé ces hausses ; l’augmentation rapide de l’inflation a confirmé ces conjectures et leur a permis de s’écarter des prévisions dominantes qui guidaient les banques centrales en termes de politique monétaire d’après-crise.
La suppression prématurée du soutien monétaire risquerait d’entraîner un raccourcissement du cycle économique, et donc un ralentissement de la croissance dont l’intensité dépendra de l’évolution de l’inflation. Il reste à faire prendre conscience aux banques centrales, qui pèchent encore par excès de prudence, que cette longue période de faible inflation arrive à son terme.
Selon les prévisions actuelles du marché, il faudra plus d’un an à la Réserve fédérale américaine pour annuler totalement les baisses de taux d’intérêt qui ont eu lieu en deux semaines à peine au cours du mois de mars 2020. Le resserrement monétaire peut se faire de façon progressive. Dans l’intervalle, les investisseurs devraient continuer à bénéficier de rendements décents, notamment grâce au bon comportement des entreprises face aux forces structurelles telles que la transition énergétique et numérique.
L’année 2022 devrait être celle d’une accélération renforcée de la transition vers un monde à faible émission de carbone. Les réactions ont été plutôt mitigées à l’issue de la COP26 ; le chemin qu’il reste à parcourir sera long et semé d’embûches pour atteindre le net zéro d’ici 2050, mais je reste optimiste pour l’avenir.
Le Pacte climatique de Glasgow va contribuer à accentuer l’action en faveur du climat, puisqu’il oblige désormais les nations à fournir des Contributions déterminées au nivau national (CDN) en vue de la décarbonisation, en mettant l’accent sur l’horizon 2030, d’ici la prochaine COP qui se tiendra à Sharm El-Sheikh à la fin de l’année prochaine. Avant la COP26, la prochaine publication des CDN n’était initialement prévue qu’en 20257.
Les investisseurs tiennent à constater un réel changement, et le passage à la neutralité carbone leur offrira de nombreuses opportunités – c’est la décarbonisation qui déterminera de plus en plus l’allocation des capitaux, domaine dans lequel les investisseurs ont un rôle clé à jouer.
Un rapide coup d’œil sur les ventes de fonds en 2021 permet de faire ce constat évident : un montant record de 649 milliards de dollars a été investi à travers le monde entier dans les portefeuilles axés sur l’ESG (l’environnemental, le social et la gouvernance) jusqu’à la fin du mois de novembre. Cela représente une augmentation significative par rapport aux 542 milliards et aux 285 milliards de dollars injectés dans ces stratégies, respectivement en 2020 et en 2019, selon les chiffres fournis par Refinitiv Lipper data8.
Réduire les risques liés au changement climatique dans les portefeuilles et identifier les opportunités offertes par les entreprises et les technologies à la pointe de la transition énergétique vont être les enjeux clés de l’année 2022.
La bonne nouvelle est que nous commençons à voir le bout du tunnel épidémique. Les voyages et la vie sociale sont en voie de normalisation, ce qui ouvre de nombreuses perspectives économiques. La nécessité de revitaliser les entreprises et de réorienter les chaînes d’approvisionnement va donner un coup de fouet à l’activité, tout comme la recherche de modèles économiques plus durables. Le secteur privé se porte bien, avec des bénéfices qui augmentent à un rythme décent, tandis que le secteur des ménages profite de la forte croissance de l’emploi et des salaires.
Malgré le resserrement des politiques monétaires mondiales, les taux d’intérêt ne retrouveront pas, pour cette année du moins, leurs niveaux d’avant la crise sanitaire. Ce n’est toutefois pas suffisant, selon moi, pour faire dérailler le cycle économique. Ce début d’année s’annonce difficile, car les marchés ont tendance à anticiper l’évolution des taux d’intérêt ; mais au niveau mondial, les bénéfices par action vont continuer d’augmenter en 2022, les entreprises poursuivront leurs efforts d’innovation et les consommateurs ont du retard à rattraper en termes de dépenses – notamment dans le secteur des voyages et de l’hôtellerie. Même si le mois de janvier a été un peu éprouvant, il y a de nombreuses raisons d’être optimiste pour le reste de l’année.
La version française est une traduction de l’article original en anglais, à des fins informatives exclusivement. En cas de divergences, l’article original en anglais prévaudra.
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