Linden Thomson & Cinney ZhangPortfolio Managers, Equities, AXA IM
8 avril 2022
Ces deux dernières décennies ont vu une croissance et une innovation remarquables dans le domaine des biotechnologies, à l’origine d’une série d’opportunités d’investissement potentielles passionnantes – et il est à prévoir que les fortes perspectives de croissance de ce secteur se maintiendront en 2022 et au-delà.
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Le domaine des biotechnologies a considérablement évolué depuis 2000 ; alors qu’il concernait au départ une poignée d’entreprises, son univers s’est élargi pour englober désormais des noms célèbres ayant connu d’importants succès commerciaux, mais aussi de plus petites entreprises engagées dans la recherche de pointe.
La pandémie de Covid-19 a placé le secteur des biotechs sur le devant de la scène. Les scientifiques ont mis au point plusieurs vaccins contre le virus en l’espace d’un an seulement – ce qui était presque inimaginable jusque-là ; leur rapidité et l’efficacité de la mise en commun de leurs compétences ont montré ce domaine sous son meilleur jour. Certains laboratoires, comme Pfizer et AstraZeneca, étaient déjà bien connus en dehors du monde de l’investissement ; d’autres, comme Moderna ou BioNTech, sont désormais familiers à nos oreilles. Gilead Sciences a lui aussi fait couler beaucoup d’encre en étant le premier à présenter des données cliniques positives pour son traitement contre le Covid-19, Veklury (remdesivir).
Toutes ces entreprises étaient déjà à la pointe de l’innovation dans leur domaine. Par exemple, Gilead est leader, depuis plus de dix ans, dans le développement de médicaments destinées aux personnes contaminées par le VIH. S’il n’existe toujours pas de remède contre cette maladie, différents traitements sont désormais disponibles pour permettre aux personnes séropositives de vivre longtemps et en bonne santé. Et le traitement contre l’hépatite C (qualifiée de tueur silencieux
, car elle endommage progressivement le fois) a été révolutionné au cours des dix dernières années par la mise au point de médicaments capables de guérir un patient infecté en quelques semaines seulement.
D’énormes progrès ont également été faits dans le traitement du cancer ; l’oncologie est probablement le domaine qui a connu le plus grand succès en termes de compréhension de la façon dont une maladie est causée par certaines mutations génétiques et de la possibilité de contrer ces mutations grâce à des thérapies ciblées. Le taux de survie à cinq ans pour les patients atteints de leucémie myéloïde chronique aux USA, par exemple, a plus que doublé, passant de 31 % pour les patients diagnostiqués entre 1990 et 1992 à 70 % pour ceux diagnostiqués entre 2009 et 2015, notamment grâce à la découverte de ces thérapies ciblées1.
En outre, au cours des 21 années qui se sont écoulées depuis le lancement de notre stratégie en matière de biotechnologie, nous avons assisté à l’achèvement, en 2003, du projet ayant permis de séquencer l’ADN de l’ensemble du génome humain, à la base des récents développements de la thérapie génique. De nouveaux médicaments agissant par modification génétique ont été mis au point et les diagnostics ont été améliorés, notamment l’introduction probable, à court terme, de la biopsie liquide pour le cancer, qui consiste à diagnostiquer la malignité grâce à des biomarqueurs présents dans le sang. Ces années ont également été celles du lancement de l’immuno-oncologie (qui utilise le système immunitaire de l’organisme pour prévenir et traiter le cancer), ainsi que de son évolution vers l’une des principales classes de médicaments thérapeutiques.
L’univers de la biotechnologie s’est considérablement élargi au cours de la dernière décennie. Outre les flux de capitaux provenant d’investisseurs sur les marchés publics, ce secteur est également stimulé par des financements privés, des investissements réalisés par des universités et d’autres institutions, ainsi que par les aides gouvernementales destinées aux start-up.
Pour les investisseurs dans les biotechs, l’époque est véritablement passionnante – ces cinq dernières années, on a vu plusieurs petites entreprises lancer leur premier produit et commencer à devenir rentables en développant leurs propres gammes de médicaments.
Source : Bloomberg, en date du 04/01/22
La manière dont les entreprises de biotechs gèrent leurs interactions avec les régulateurs du monde entier est un aspect crucial de l’industrie pharmaceutique et peut influencer assez fortement le comportement des investisseurs à l’égard de ce secteur.
Les rapports entre les firmes pharmaceutiques et les régulateurs – en particulier la Food and Drug Administration (FDA) américaine –, jusqu’alors assez mitigés, se sont selon nous considérablement améliorés. Un phénomène très certainement corrélé au nombre croissant de nouveaux médicaments qui ont été approuvés au cours de cette période.
Approbations de nouveaux médicaments par la FDA (moyenne glissante sur trois ans)
Source : FDA, en date du 31/12/2021
Nous pensons en outre que cette tendance en matière d’homologation est durable si l’on tient compte du financement important de la recherche en phase initiale, du nombre d’entreprises créées, des progrès réalisés dans les domaines du séquençage génétique et de l’intelligence artificielle, etc.
Avec une progression de 26,4 % pour l’ensemble du secteur, 2020 a été une année exceptionnelle pour les biotechnologies, en raison de l’afflux de bonnes nouvelles concernant les vaccins et les traitements contre le Covid-19. Un chiffre qui s’est toutefois stabilisé en 2021, malgré une légère augmentation des rendements globaux durant l’été2.
Il semble que de nombreux investisseurs aient choisi de délaisser les actions ayant enregistré de très bonnes performances au profit de celles qui ont bénéficié de la réouverture de l’économie mondiale après une longue période de confinement. Pour résumer, disons que l’élan d’enthousiasme a un peu faibli à l’égard du secteur des biotechs, mais que les fondamentaux sont restés les mêmes. Les flux de trésorerie demeurent solides, et le secteur a bénéficié de quelques fusions et acquisitions intéressantes au cours des derniers mois : Pfizer a annoncé son intention de racheter Arena Pharmaceuticals, élargissant ainsi son portefeuille de médicaments contre les maladies immuno-inflammatoires ; le groupe belge UCB, quant à lui, est en train d’acquérir la société américaine Zogenix pour étendre sa gamme de traitements contre l’épilepsie3. Peu de temps après, GlaxoSmithKline et Pfizer ont annoncé la clôture de leur joint venture dans le domaine de la santé grand public, augmentant ainsi les ressources financières qui leur permettront de mener à bien de nouveaux projets. Les entreprises manœuvrent peut-être, désormais, plus intelligemment, en s’assurant de bien comprendre la dimension biologique d’une maladie avant de la cibler, pour être sûres qu’elle nécessite de nouvelles thérapies, plutôt que d’élaborer une alternative à ce qui existe déjà.
Aujourd’hui, le rôle de l’environnement macroéconomique est peut-être plus essentiel que jamais. La valeur du secteurs des biotechs est évaluée en grande partie sur la base des flux de trésorerie actualisés (les futurs pipelines commerciaux, prometteurs mais qui doivent encore faire leurs preuves, rendent en effet les évaluations plus complexes) ; une hausse de l’inflation pourrait donc peser sur les performances à court terme et augmenter la volatilité du cours des actions dans le secteur des biotechs. La hausse des taux d’intérêt, que l’on commence à observer de la part des principales banques centrales, a également tendance à réduire la valeur des titres de croissance.
Les tensions entre les États-Unis et la Chine devraient rester vives, et les entreprises chinoises qui se négocient sur les bourses américaines par le biais d’American Depositary Receipts pourraient voir le cours de leurs actions affecté par les risques de décotation. Cependant, en raison du soutien du gouvernement, de l’évolution démographique, de la demande croissante de thérapies innovantes et de l’essor des marchés financiers, on ne peut plus ignorer l’émergence de la Chine dans le secteur des biotechnologies.
Il faut s’attendre à une collaboration élargie entre les entreprises chinoises de biotech et les laboratoires pharmaceutiques occidentaux, tant que les premières continueront à renforcer leurs compétences internes en recherche et développement ainsi que leurs capacités de fabrication à l’échelle mondiale. Les décisions prises cette année par la FDA américaine concernant l’autorisation de mise sur le marché de médicaments élaborés par les entreprises chinoises de biotech vont probablement donner le ton et orienter les perspectives de leur développement clinique.
Dans le domaine de la santé, puisque les États-Unis continuent de dominer le marché, le contexte politique peut influencer significativement l’opinion générale à l’égard de ce secteur. Nous suivrons de très près les élections de mi-mandat qui auront lieu à l’automne prochain. Si les Républicains remportent le contrôle du Sénat, le risque de réformes législatives sera probablement moins important, ce qui jouera selon nous en faveur du secteur. En revanche, une nette majorité de Démocrates au Congrès laisserait toute latitude au président Joe Biden de faire passer certaines réformes, notamment celle de la tarification des produits pharmaceutiques.
Il faut s’attendre, dans l’ensemble, à ce que les entreprises de biotech les plus innovantes continuent à faire l’objet d’investissements importants. Cette année doivent être publiés les résultats des essais en phase 3 des médicaments contre la maladie d’Alzheimer conçus par Roche et Biogen/Eisai, qui devraient constituer des indicateurs non négligeables de l’humeur générale du secteur4. Des développements devraient également apparaître dans le domaine des neurosciences ciblées en dehors d’Alzheimer, concernant la maladie de Parkinson, l’épilepsie ou même la dépression, entre autres. L’édition génomique et la thérapie génique sont des champs de recherche passionnants sur lesquels il faut garder un œil. On attend également de nouvelles avancées en oncologie, notamment le résultat des essais menés par Roche dans le domaine du cancer du poumon.5.
Une meilleure sensibilisation aux maladies rares, jointe à une compréhension approfondie de ces pathologies, pourrait améliorer la qualité des soins pédiatriques, en particulier grâce à un dépistage précoce des malformations génétiques ; cela raccourcirait le parcours diagnostic et permettrait de traiter les enfants au moment le plus opportun. À l’autre extrémité du spectre, le vieillissement de la population est, à long terme, un facteur clé pour le secteur des biotechs ; puisque nous vivons plus longtemps, nous avons de plus en plus besoin de soins médicaux, qu’il s’agisse d’affections chroniques ou de maladies liées à l’âge.
Le Covid-19 a bien évidemment transformé le paysage de la biotechnologie, notamment grâce à la mise au point et à l’approbation rapides d’un vaccin contre ce virus. L’accent a été mis sur l’accès aux soins et les inégalités dans ce domaine, sur une meilleure coopération entre les parties prenantes et sur une efficacité accrue ; bon nombre des modes de fonctionnement virtuels devraient perdurer bien après la pandémie. Nous adoptons désormais une approche à long terme au regard de la présence continue du Covid-19, qui a créé la nécessité d’adapter les systèmes de soins, tout en saisissant l’occasion de renforcer la visibilité des entreprises qui proposent, selon nous, les meilleures perspectives sur le long terme.
Grâce à un contexte réglementaire et démographique favorable, mais aussi grâce aux investissements réalisés dans la recherche et le développement parallèlement aux opportunités commerciales, le secteur de la biotechnologie nous semble bien positionné en termes de croissance, pour 2022 et bien au-delà.
La version française est une traduction de l’article original en anglais, à des fins informatives exclusivement. En cas de divergences, l’article original en anglais prévaudra.
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