13 octobre 2020
La décennie de transition énergétique a débuté par un événement totalement imprévisible – et déplorable. Moins d’un an après le début des années 2020, le monde entier est sous le choc de la Covid-19, une pandémie qui a coûté des vies, réduit les revenus des ménages et gravement touché l’économie mondiale.
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Le rapport United in Science
, établi par les Nations unies et d’autres institutions mondiales, indique que, tandis que de vastes territoires étaient bloqués durant le mois d’avril, les taux quotidiens d’émissions ont chuté de 17 % par rapport à la même période en 2019. Mais depuis la levée partielle du confinement, ces taux sont repartis à la hausse : en juin, ils étaient inférieurs d’à peine 5 % à ceux de l’année précédente. Sur l’ensemble de l’année 2020, la baisse des émissions devrait se situer entre 4 % et 7 % [i].
Cela n’empêche pas les analystes de prévoir que les années 2016-2020 vont constituer la demi-décennie la plus chaude jamais enregistrée, avec un changement climatique qui continue de resserrer son emprise.
Cette récente baisse des émissions a évidemment des retombées positives sur l’environnement. Mais comme le souligne António Guterres, Secrétaire général des Nations unies : Il n’a jamais été aussi clair que nous avons besoin de transitions à long terme, propres et inclusives, pour contrer la crise climatique et parvenir à un développement durable. Nous devons transformer la sortie de la pandémie en une réelle opportunité de construire un meilleur futur.
Pour respecter l’Accord de Paris de 2015 visant à maintenir le réchauffement mondial sous la barre des 2°C, voire même le limiter à 1,5°C, il faudrait considérablement réduire nos émissions et déplacer le secteur énergétique mondial, basé sur des combustibles fossiles, vers des alternatives renouvelables et plus vertes.
Pour aller plus loin : We must not sacrifice an environmental crisis just to resolve an economic one
En tant qu’entreprise, AXA IM est un partenaire extrêmement impliqué dans cette transition – nous nous sommes déjà engagés à abandonner tous nos investissements dans le secteur du charbon d’ici la fin de la décennie dans tous les pays de l’OCDE, et d’ici 2040 dans le reste du monde. Mais nous savons qu’il faut aller plus loin.
Malgré tous les défis auxquels le monde est confronté, nous restons convaincus qu’une relance verte
est possible. L’action des décideurs politiques est cruciale dans ce combat : de nombreux gouvernements ont annoncé la mise en place de mesures en faveur du climat – même la Chine, le plus gros émetteur de dioxyde de carbone, s’est engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici 2060.
En l’état actuel des choses, Chris Iggo, CIO d’AXA IM Core Investments, estime que la pandémie a fortement accentué l’attention portée au changement climatique et aux questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). Il s’attend à ce que, dans l’avenir, les investisseurs soient plus enclins à récompenser les entreprises désireuses de rendre leur activité durable.
Chris Iggo
Ancien CIO d’AXA IM Core Investments
Les obligations vertes, l’intégration des ESG, l’impact et les plans d’investissement liés à la réduction des émissions de CO2 seront des éléments essentiels de la contribution apportée par les investisseurs.
Il ajoute : « Il est assez étonnant de constater à quel point la transition énergétique a un impact rapide sur les stratégies d’entreprise, en raison de la nécessité de fournir davantage de données sur les émissions de CO2, de s’aligner sur les objectifs de l’Accord de Paris et de s’appuyer sur le prix du carbone pour refléter l’état économique d’une entreprise. Pouvoir démontrer que la Covid-19 a accéléré la transition énergétique sera au cœur des discussions entre les chefs d’entreprise et les investisseurs.
Il pourrait être nécessaire d’augmenter les taxes en raison de la récession provoquée par la Covid-19 – par exemple grâce à un rôle plus actif des taxes sur le carbone, qui aideraient à déplacer la demande des activités très génératrices d’émissions vers des voies plus alternatives. Cependant, atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris exigera des investissements beaucoup plus conséquents dans les énergies alternatives, le captage du carbone et l’efficacité. Les obligations vertes, l’intégration des ESG, l’impact et les plans d’investissement liés à la réduction des émissions de CO2 seront des éléments essentiels de la contribution apportée par les investisseurs. »
Gilles Moëc, chef économiste du Groupe AXA, ajoute : « Les pouvoirs publics, du moins en Europe, en sont venus à considérer l’accompagnement de la transition verte comme un moyen de stimuler la croissance économique, contrairement à l’idée commune qui voit une contradiction entre ces deux objectifs. Dans beaucoup des grands pays de l’Union européenne, où l’opinion publique est traditionnellement hostile à l’activisme fiscal, les préoccupations environnementales sont au cœur du débat.
Nous pensons que la conciliation de la croissance économique et de la transition verte est plus facile à faire lorsque la politique se penche sur des projets d’investissement associés à une taxe sur le carbone, plutôt que sur la combinaison habituelle de taxes et de subventions à la production. »
Quatre experts ESG d’AXA IM évaluent ci-dessous dans quelle mesure la crise peut accélérer la transition énergétique et décrivent quelles pourraient être, selon eux, ses implications en matière d’investissement.
« Je crois que la pandémie, en fin de compte, peut accélérer la transition énergétique. Prenons l’exemple de l’industrie automobile : les ventes de véhicules électriques ont bien résisté en 2019, comparé aux autres secteurs de cette industrie. Et cette tendance devrait se maintenir malgré la flambée de la Covid-19. [ii]
Une question intéressante est celle de la mobilité. De ce point de vue, l’accélération de la transition énergétique, en augmentant les besoins en nouvelles sources d’énergie, est selon moi une conséquence directe de la crise du coronavirus. Globalement, un tiers de cette transition passera par des investissements dans les énergies renouvelables, comme les parcs éoliens et le solaire. La pandémie ne sera pas le seul catalyseur – nous devons encore faire des efforts. Mais il y a clairement une logique économique en termes de fourniture d’une énergie plus propre et moins chère.
La question reste pourtant de savoir quelle sera l’évolution de l’offre d’énergie. Nous devons continuer à inciter les entreprises, non seulement à cesser leurs investissements dans les énergies fossiles, mais aussi à augmenter et accélérer leurs plans d’investissement dans les énergies renouvelables à faible émission de carbone.
Des changements commencent à apparaître dans les secteurs de la demande, notamment concernant la mobilité, les transports et l’immobilier. Mais nous devons rester toujours plus exigeants vis-à-vis des compagnies gazières et pétrolières, qui ont une lourde responsabilité et une offre énergétique fluctuante.
Dans ce secteur, nous avons assisté à une très forte baisse des prix, et les entreprises commencent à percevoir l’importance de modifier leur mix énergétique, mais ce phénomène reste corrélé à la situation économique – nous devons en tenir compte pour trouver le meilleur moyen de soutenir cette industrie du point de vue de la transition. Certes, la pandémie peut accélérer la transition énergétique, mais lorsque l’économie s’effondre, tout s’effondre. »
Lise Moret
Ancienne Directrice de la stratégie Climat chez AXA
Nous devons continuer à inciter les entreprises, non seulement à cesser leurs investissements dans les énergies fossiles, mais aussi à augmenter et accélérer leurs plans d’investissement dans les énergies renouvelables à faible émission de carbone.
« Il est toujours très important d’inciter les décideurs politiques à encourager cette transition, grâce à des subventions, entre autres. La baisse du PIB mondial, qui devrait se situer aux alentours de -4,4 % cette année, sera probablement temporaire, et le Fonds monétaire international prévoit que la croissance mondiale atteindra 5,2 % en 2021 [iii]. Mais cela signifie que la baisse des émissions mondiales de dioxyde de carbone sera, elle aussi, de courte durée. Malgré les progrès de ces dernières années, nous n’avons pas réussi à dissocier croissance économique et émissions de CO2, du moins pas encore.
Pour replacer les conséquences du coronavirus dans un contexte climatique plus large, les émissions mondiales de gaz à effet de serre devraient baisser de plus de 6 % chaque année tout au long de cette décennie pour pouvoir limiter le réchauffement à 1,5°C maximum au-dessus des moyennes préindustrielles. Si les technologies à taux d’émissions négatif sont rejetées ou ne réussissent pas à s’implanter à grande échelle, alors la baisse des émissions requise pour rester à 1,5°C sera encore plus élevée (15 % chaque année jusqu’en 2040). À partir de 2021, les émissions devraient être réduites de plus de 7 % chaque année ; elles doivent atteindre leur plafond le plus vite possible [iv].
Pour aller plus loin : COVID-19: Greening the recovery
Toutefois, la reprise va nous donner l’occasion d’intégrer les mutations industrielles et sociétales qui soutiennent la transition énergétique. Selon nous, la pandémie du coronavirus devrait renforcer la réflexion politique sur le changement climatique, et conforter l’idée qu’une action décisive et collective est nécessaire pour lutter contre les menaces environnementales à l’échelle de la planète. Ceci devrait inciter la population à soutenir les initiatives vertes et donner des orientations plus solides à l’engagement des investisseurs.
Pour nous, en tant qu’investisseurs, cela représente un engagement continu aux côtés des entreprises – ce qui s’applique également à la communauté des investisseurs au sens large. La transition offre des opportunités d’investissement novatrices - et durables. Les consommateurs sont en demande d’une énergie plus propre et les entreprises se doivent de répondre à cette attente, sous peine d’être laissées pour compte. »
Au début de la crise du coronavirus, on craignait que l’une de ses conséquences soit le ralentissement du financement des projets “verts
. Mais ça n’a pas été le cas. Un peu plus tôt cette année, l’Union européenne a présenté un plan de relance qui va consacrer 550 milliards d’euros aux initiatives vertes, ce qui en fait l’engagement climatique le plus important qui ait jamais été pris [v].
En septembre, la France, qui s’est fixé l’objectif ambitieux de devenir la première grande économie décarbonée d’Europe, a annoncé un plan de sauvetage post-Covid de 100 milliards d’euros, dont un tiers sera alloué à des projets utilisant des stratégies en faveur du climat [vi].
Le changement climatique n’a pas été oublié, et je suis convaincu que les programmes mis en place pour y faire face vont s’accélérer. L’augmentation de la dette est aujourd’hui rendue possible par des taux d’intérêt qui restent très bas, et les marchés regorgent de liquidités. Mais à un moment donné, tout cela devra être remboursé, et pour ce faire, nous avons besoin que la dette soit viable. Cela signifie que nous devons investir dans des projets qui prennent part à la lutte contre le réchauffement climatique, ainsi que dans les énergies renouvelables, les transports propres et les constructions vertes – tout comme dans la préservation de la biodiversité. On peut se réjouir que tous les plans de relance qui ont été mis en place prennent en compte ces éléments.
Pour aller plus loin : Climate change, biodiversity and epidemics: Lessons for the next global crisis
Je m’attends à voir augmenter notre implication dans la manière dont nous envisageons la croissance à venir – grâce à l’investissement, mais également en prenant en compte les risques climatiques. Si les investisseurs veulent utiliser leur argent à bon escient, ils exigent aussi de bons rendements financiers. Ces dernières années, le secteur des obligations vertes a connu une croissance solide, avec de plus en plus d’émetteurs et d’opérations sur le marché. En 2019, les émissions ont grimpé de plus de 50 % par rapport à l’année précédente, leur volume passant de 171,2 à 258,9 milliards de $ - un nouveau record -, tandis que le nombre d’émetteurs est passé de 347 à 506 selon la Climate Bonds Initiative [vii].
Pour notre part, en restant concentré sur les obligations vertes, nous avons connu une croissance de 75 % l’année dernière, passant de 100 à 175 milliards de $, alors que l’augmentation du nombre d’émetteurs a frôlé les 70 %. Nous attendons une croissance supplémentaire de 25 % en 2020 pour les émissions, qui atteindront alors environ 220 milliards de $. »
Johann Plé
Ancien Directeur de la stratégie Obligations vertes d'AXA IM
Nous pensons que les investisseurs qui ont une stratégie durable crédible devraient être mieux préparés à faire face aux risques et aux opportunités climatiques, c’est-à-dire avoir acquérir des fondamentaux plus solides sur le long terme pour devenir plus performants.
Le marché des obligations vertes s’est révélé plutôt décevant lors du premier semestre 2020, avec un taux d’émissions à peine équivalent à celui de 2019, même si l’on peut en comprendre les raisons. Mais nous prévoyons une augmentation des émissions et restons très optimistes vis-à-vis de ce secteur. Nous avons récemment vu l’Allemagne lever 6,5 milliards de $ grâce à sa toute première obligation verte, tandis que de nombreuses marques internationales ont également introduit leurs propres offres [viii]. Daimler, par exemple, a lancé son premier produit, qui a été sursouscrit plus de quatre fois [ix].
Il existe une excellente dynamique de diversification dans le secteur du crédit, et le segment souverain est à la hausse : autant de facteurs positifs pour la croissance du marché et pour les liquidités. C’est une très bonne nouvelle pour les investisseurs, car cela signifie davantage d’opportunités de générer un impact et, potentiellement, de meilleures perspectives de rendement.
Nous pensons que les investisseurs qui ont une stratégie durable crédible devraient être mieux préparés à faire face aux risques et aux opportunités climatiques, c’est-à-dire avoir acquérir des fondamentaux plus solides sur le long terme pour devenir plus performants.
Au bout du compte, nous sommes convaincus que la Covid-19 va accélérer et probablement intensifier l’intérêt des investisseurs pour des produits plus transparents et plus durables. La crise du coronavirus a mis en évidence qu’il n’y a pas que le risque financier qui compte : le risque non financier, comme celui que nous avons rencontré en 2020, peut lui aussi avoir un énorme impact macroéconomique.
Alors que de nombreuses industries et entreprises ont dû faire face à de graves perturbations en 2020, le secteur des énergies renouvelables a vécu cette période très différemment. Nous avons constaté que les entreprises de ce secteur ont fait preuve d’une remarquable résilience, en termes de demande, de nouvelles affaires et de projets potentiels. Cela s’est manifesté dans leurs plans de dépenses d’investissement, qui ont visé à renforcer la production d’énergies renouvelables mais également les infrastructures correspondantes.
Les données montrent par exemple que les développeurs américains de projets liés au solaire, tout en devant faire face à la pandémie, ont installé presque trois fois plus de dispositifs solaires pendant le deuxième trimestre 2020 que durant la même période en 2019 [x]. Plus généralement, nous avons constaté un changement dans le langage même de l’entreprise, une réelle volonté de la part des collaborateurs et des actionnaires de faire leur maximum pour accompagner la transition énergétique. Plus que jamais, les marques grand public semblent désireuses de promouvoir la neutralité carbone de leurs produits.
Par exemple, Microsoft a dévoilé en janvier son intention de devenir négatif en carbone à l’horizon 2030 et de supprimer / compenser l’ensemble de ses émissions passées d’ici 2050, ce qui signifie ramener à zéro le bilan de ses émissions depuis la création de l’entreprise [xi]. C’est un engagement extrêmement fort. Depuis, d’autres géants de la technologie, comme Facebook, ont annoncé la mise en place de programmes similaires [xii]. »
Amanda O'Toole
Ancienne Directrice de la stratégie Clean Economy, Framlington Equities d'AXA IM
La pandémie a clairement mis en évidence un accroissement et une généralisation de la demande dans le domaine de la technologie propre. Du point de vue de l’investissement, il s’agit selon nous d’un phénomène très important.
« Mais il existe aussi une très forte demande générée par la logique économique, en termes de fidélisation de la clientèle, pour des sources d’énergie plus propres. Cette demande est appuyée par la volonté juridique et politique de parvenir à un mix énergétique plus propre, car ces sources d’énergie sont celles qui coûtent le moins cher à installer.
La pandémie a clairement mis en évidence un accroissement et une généralisation de la demande dans le domaine de la technologie propre. Du point de vue de l’investissement, il s’agit selon nous d’un phénomène très important. Prenez par exemple le secteur des véhicules électriques, qui a vendu plus de 400 000 voitures en Europe pendant le premier semestre 2020, soit une augmentation de 57 % par rapport à la même période en 2019. C’est même la première fois depuis cinq ans que les ventes européennes surpassent celles de la Chine [xiii].
Alors que le secteur automobile ne sortira pas indemne de la crise, les estimations prévoient un fort rebond des ventes de véhicules électriques [xiv]. Compte tenu de l’infrastructure et des chaînes d’approvisionnement de ce secteur, je suis persuadée que cela va engendrer une infinité d’opportunités d’investissement.
Pour aller plus loin : Can electric vehicles drive a green recovery?
Un autre secteur qui a bien résisté est celui de l’investissement dans la 5G ; même si elle est moins directement associée à la transition énergétique, cette technologie renforce les villes et les usines intelligentes
, en termes d’efficacité. Et, là encore, elle dispose d’une large chaîne d’approvisionnement et d’une gamme très étendue d’opportunités d’investissements potentiels.
Dans l’ensemble, je pense que l’accélération de la transition énergétique vient de la volonté des consommateurs et des entreprises de mettre en place une bonne citoyenneté
. Néanmoins, je crois aussi dans l’engagement des gouvernements à soutenir la transition énergétique. Nous devons appuyer le développement des énergies renouvelables et de la technologie propre. À mesure que le marché s’ouvre et se développe, l’innovation dans ce secteur gagne en popularité. »
« On peut espérer que la crise de la Covid-19 provoque un changement dans les mentalités, en faisant prendre conscience à la société de la réalité du changement climatique. En ce moment, ce ne sont pas seulement les plus jeunes qui appellent à l’action – les investisseurs et les propriétaires d’actifs sont eux aussi fortement en demande.
La pandémie a été un choc pour les investisseurs, mais également un puissant rappel à l’ordre. Elle nous a prouvé que les entreprises les plus flexibles et les plus tournées vers l’avenir sont potentiellement les mieux placées pour faire face aux crises. Bien sûr, du point de vue des investisseurs, l’année 2020 a représenté un défi économique majeur, mais la crise climatique en est aussi un : certaines parties du monde ont été littéralement assiégées par la sècheresse, les incendies, les ouragans et les inondations.
En tant qu’investisseurs, nous savons que le temps ne joue pas en notre faveur en ce qui concerne l’action climatique. Compte tenu de la transition structurelle qui est en jeu, nous devons plus que jamais considérer les solutions pauvres en carbone d’un point de vue prospectif. De nombreux gouvernements saisissent l’opportunité de financer la reprise en tenant compte de ces problématiques climatiques, ce qui est une bonne chose. Il est vital que l’investissement durable atteigne des niveaux plus élevés. En tant qu’investisseur durable, notre but est de gérer les risques associés au changement climatique, mais également de profiter des opportunités qui s’offrent à nous grâce à la transition énergétique.
Pour aller plus loin : Carbon reduction: Moving away from carbon footprint towards carbon footpath
Selon moi, l’argument selon lequel l’action en faveur du climat va à l’encontre des performances de l’investissement est erroné. De nombreuses études mettent en évidence qu’une bonne intégration des facteurs ESG peut jouer en faveur de l’augmentation des performances. Un rapport indique qu’environ 90 % des 2 200 analyses empiriques qui ont été menées prouvent qu’il existe une corrélation entre ESG et résultats financiers – une corrélation positive dans la plupart des cas [xv]. En outre, on constate que les rapports structuraux entre les entreprises et les paramètres ESG permettent de mieux évaluer la rentabilité future et le risque commercial des entreprises individuelles [xvi].
D’après notre expérience, les entreprises les mieux positionnées dans la lutte contre le changement climatique se sont montrées beaucoup plus résilientes que celles qui sont moins engagées dans ce domaine. Il est clair qu’aujourd’hui, les entreprises comme les investisseurs ressentent le besoin d’un changement, besoin porté par des vents dominants. Les entreprises et les gouvernements sont toujours plus nombreux à s’investir dans la transition énergétique – même Pékin, qui vient d’annoncer son objectif d’atteindre le taux d’émission zéro. »
Lise Renelleau
Ancienne Responsable des solutions d’investissement durable, Rosenberg Equities d'AXA IM
D’après notre expérience, les entreprises les mieux positionnées dans la lutte contre le changement climatique se sont montrées beaucoup plus résilientes que celles qui sont moins engagées dans ce domaine.
« Les entreprises qui ouvrent la voie aujourd’hui seront probablement les leaders demain. À ce stade, de nombreuses opportunités s’offrent aux investisseurs. Mais l’enjeu n’est pas seulement financier. Notre étude a démontré que moins de 15 % des indices boursiers ont réduit leur empreinte carbone de plus de 7 % par an, baisse requise pour atteindre l’objectif de 1,5°C [xvii].
C’est pourquoi nous devons investir dans les entreprises en transition, celles qui essaient de s’éloigner des combustibles fossiles très polluants. Adopter une vision à long terme est essentiel pour tout investisseur, dans l’absolu et particulièrement en termes de transition énergétique, afin de garder une longueur d’avance en matière de réglementation et de politique climatique.
Notre propre expérience prouve que la demande d’investissements durables est en hausse. Les investisseurs individuels tout comme les entreprises cherchent des moyens d’investir durablement, notamment grâce à des stratégies visant à atteindre le niveau de résilience nécessaire pour faire face aux incertitudes du marché liées à la crise de la Covid-19 autant qu’au changement climatique. Nous sommes confrontés à une perturbation qui a entraîné une mutation structurelle. Auparavant, l’investissement ESG consistait principalement à atténuer le risque ; aujourd’hui, il s’agit surtout de saisir des opportunités potentielles, en particulier dans le domaine de l’environnement. Pour les investisseurs, les objectifs financiers à long terme sont fondamentalement alignés sur une action immédiate en faveur du climat. »