Jonathan White

Jonathan WhiteResponsable Recherche et Stratégie d’investissement, AXA IM Rosenberg Equities

24 mars 2021

Covid-19 : un point de bascule vers l’investissement durable ?

Ces dernières années, la demande croissante d’une approche plus durable en matière d’investissement a fait des questions ESG (environnementales, sociales et de gouvernance) un sujet de plus en plus courant dans la sphère de l’investissement. Si plusieurs éléments sont à l’origine de cet élan extraordinaire dans toutes les régions du monde et dans toutes les classes d’actifs, la pandémie de Covid-19 a mis en évidence certaines problématiques sous-jacentes.

Finance durable

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Contenu orginal: AXA IM

Selon nous, l’impact du Covid-19 sur l’économie réelle et sur les marchés financiers a sérieusement alerté le monde politique, les entrepreneurs et les investisseurs sur les menaces économiques potentiellement alarmantes que représentent les risques non financiers. La crise sanitaire que nous traversons démontre à quel point il est préjudiciable de fermer certains secteurs de l’économie dans le but de sauver des vies humaines ; d’autre part, la crise climatique qui s’annonce pourrait bien voir les risques environnementaux impacter de façon similaire la macroéconomie.

Tout ceci a mis en lumière ce qui a souvent été au cœur des questions ESG : comment préserver la croissance économique tout en cherchant à atteindre des objectifs environnementaux et en visant la prospérité sociale ? En 2020, la paralysie forcée (et dramatique) de certains pans de l’économie a provoqué une baisse significative des émissions de carbone – environ 7 % à l’échelle mondiale [1]. La situation était bien sûr hors du commun, mais cette crise a clairement démontré que, dans le contexte de l’infrastructure économique actuelle, le compromis se révèle très douloureux entre croissance et lutte contre la menace que fait peser le changement climatique.

Pour atteindre parallèlement les objectifs de réduction des émissions de carbone et de croissance économique, il reste un long chemin à parcourir avant de réussir à adapter nos économies. On constate pourtant que malgré tous les défis qu’ils ont à relever, les gouvernements répondent à cette situation de crise par d’ambitieux plans de « relance verte ». Chaque jour ou presque, partout dans le monde, de nouvelles mesures sont annoncées qui soulignent un engagement politique fort en faveur du climat. Ainsi, en décembre 2020, l’Union européenne s’est dite prête à injecter 37 % des 672 milliards d’euros de son plan de relance dans des projets liés aux problématiques climatiques [2]. En février 2021, l’administration Biden a annoncé son intention de dépenser 2 000 milliards de dollars en 4 ans  pour augmenter significativement le recours à des énergies propres dans les secteurs des transports, de l’électricité et du bâtiment. La volonté politique de faire des « dépenses vertes » le moteur de la relance post-Covid devrait, selon nous, contribuer à augmenter l’intérêt des investisseurs pour les solutions ESG, en générant de séduisantes opportunités d’investissement.

Pour aller plus loin : Changement de climat pour l’investissement durable

Le E, le S et le G

Nous sommes convaincus qu’il est tout à fait possible d’aligner de façon complémentaire ces deux objectifs d’investissement durable et de résultats financiers positifs, et que les facteurs ESG peuvent fournir d’autres informations économiques que les sources traditionnelles, comme la comptabilité des entreprises. Il est toutefois important de dissocier le E, le S et le G, car chacun de ces éléments apporte des informations différentes, notamment en ce qui concerne l’horizon d’investissement.

Les facteurs E et S ont un horizon à assez long terme. Les données environnementales et sociales renseignent sur les influences à long terme qui sont à l’origine des changements structuraux – essentiels en matière d’investissement : la façon dont nous nous adaptons au changement climatique, notre attitude face à la transition vers des énergies et des comportements d’entreprise plus responsables. Le facteur G, quant à lui, se rapproche davantage des indicateurs plus traditionnels des pratiques commerciales que nous évaluons lorsque nous nous intéressons à une entreprise. D’après notre expérience, les informations concernant la gouvernance complètent et améliorent réellement la compréhension de la performance financière d’une entité. Nous avons constaté, par exemple, que les entreprises ayant introduit davantage de diversité dans leur conseil d’administration sont les plus aptes à maintenir leur niveau de rentabilité [3].

La gestion active : un moteur du changement

Dans sa forme la plus pure, l’investissement passif a, selon nous, tendance à gêner le rôle que doit jouer la finance dans la lutte contre le changement climatique, en ne prenant pas en compte les informations liées à la durabilité et en ne regardant pas assez vers l’avenir.

Les données ESG sont à présent facilement accessibles, ce qui entraîne la prolifération d’indices ESG et d’indices basés sur les lois en faveur du climat. S’il faut plutôt se réjouir du développement d’indices ESG passifs, le rôle de la gestion active est, par définition, d’extraire des informations sur l’investissement à partir de ces données et de stimuler l’innovation.

Les flux de capitaux nécessaires pour lutter contre le changement climatique sont d’une telle ampleur qu’il est important d’agir avec détermination. A la différence de la gestion passive, la gestion active est un acte de conviction, puisqu’elle combine l’investissement, le désinvestissement et l’engagement pour pouvoir injecter davantage de capitaux vers les bons acteurs, au détriment des mauvais.

Chez AXA IM, nous pensons que pour exploiter pleinement le potentiel de la gestion active, la responsabilité en matière d’ESG doit aller bien au-delà du seul rôle d’un expert ou d’une équipe spécialisés en ESG. Selon nous, l’analyse approfondie des facteurs ESG dans le cadre des décisions d’investissement doit être véritablement ancrée dans la culture d’entreprise. Quelle que soit la structure concernée, cela peut prendre du temps – pour notre part, nous mettons cette conviction en pratique depuis le milieu des années 1990, mais ce n’est que récemment que les ESG font partie intégrante de l’ADN d’AXA.

Pour aller plus loin : Sustainable diets: A new theme on the menu for investors?

Une approche prospective du climat

En fonction de leur attitude face au changement climatique, on peut distinguer quatre grandes catégories d’entreprises :

  1. Les entreprises n’accordant que très peu, voire aucun intérêt à la lutte contre le changement climatique – les retardataires.
  2. Les entreprises ayant évolué de façon significative, ou dont le business model était déjà aligné sur la lutte contre le changement climatique – les leaders.
  3. Les entreprises qui jouent un rôle crucial dans notre mode de vie (comme les services publics ou les transports) et qui prennent au sérieux le risque climatique en réduisant activement leur empreinte carbone, parfois très élevée – ce sont les entreprises en transition.
  4. Les entreprises dont le business model soutient explicitement une économie à faible émission de carbone, comme le secteur des énergies renouvelables ou des technologies de batterie – les leaders verts.

L’approche d’AXA consistant à intégrer les problématiques climatiques dans les portefeuilles d’actions a pour objectif de privilégier l’investissement dans les leaders au détriment des retardataires, sans pour autant délaisser les entreprises en transition et les leaders verts.

Etonnamment, on parle peu du compromis qui existe souvent, dans certains secteurs du marché, entre la réduction actuelle des émissions de carbone par rapport à l’indice large de marché et l’investissement dans des entreprises en transition ou dans des leaders verts.

Par exemple, l’entreprise A du tableau ci-dessous génère des revenus verts importants car elle produit de l’énergie solaire et éolienne. Elle présente à la fois de bons résultats en matière de réduction de l’intensité carbone et un niveau faible d’intensité carbone par rapport à son groupe de référence (on parle souvent d’émissions évitées), mais son intensité carbone actuelle reste élevée. A l’échelle mondiale, la plupart de l’intensité carbone provient des 5 % de pollueurs les plus importants, comme l’entreprise A, mais cette dernière agit également de façon positive sur la limitation du changement climatique grâce à ses revenus – une bonne illustration du compromis entre l’objectif actuel d’intensité absolue et l’investissement dans la transition.

Légendes du tableau

Secteur des émissions – Intensité carbone (directe + indirecte au 1er niveau) – Position en intensité carbone relative (classification GICS) – Croissance de l’intensité carbone (en % par an) - % des bénéfices nets en faveur de la lutte contre le changement climatique - % des bénéfices contribuant significativement à la LCC - % des bénéfices s’opposant significativement à la LCC

Entreprise A – Producteurs d’électricité indépendants

Entreprise B – Services publics d’électricité

Lorsque nos clients souhaitent investir pour lutter contre le changement climatique, nous nous heurtons souvent au fait qu’un objectif ambitieux en matière d’intensité carbone peut limiter l’accès aux entreprises en transition et aux leaders verts.

En combinant les décisions d’investissement et de désinvestissement, les investisseurs ont la possibilité de réduire l’intensité carbone de leurs portefeuilles tout en investissant activement dans des entreprises engagées dans un processus d’amélioration ou dans la lutte contre le changement climatique par le biais de leurs bénéfices « verts ». Nous préférons parler de « chemin » plutôt que d’ « empreinte » carbone concernant cette approche prospective, essentielle à toute catégorie d’investissement.

La crise du Covid-19 a mis en lumière l’importance de l’actionnariat actif, en particulier dans les domaines de la santé publique, du capital humain et des droits des actionnaires. Pendant cette période, nous avons multiplié par deux le nombre de nos actions en faveur de ces problématiques. En tant que gestionnaire actif, notre rôle est de favoriser l’investissement durable tout en cherchant à obtenir les résultats nécessaires pour atteindre les objectifs d’investissement. Nous sommes convaincus que ces deux éléments, qui sont intimement liés, nous permettent de nous engager sur des principes d’investissement clairs et précis. 

Pour aller plus loin : Covid-19 : Accélérer la transition énergétique et générer des opportunités d’investissement respectueuses du climat 

Cet article a été créé par Bloomberg Media en partenariat avec AXA IM. La page d’origine peut être consultée ici en anglais.

La version française est une traduction de l’article original en anglais, à des fins informatives exclusivement. En cas de divergences, l’article original en anglais prévaudra.

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Our approach
[1] https://www.carbonbrief.org/global-carbon-project-coronavirus-causes-record-fall-in-fossil-fuel-emissions-in-2020
[2] https://ec.europa.eu/info/business-economy-euro/recovery-coronavirus/recovery-and-resilience-facility_en
[3] Does diversity provide a profitability moat? - AXA IM Global (axa-im.com), June 2018

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