8 juin 2021
Une étude menée par d'AXA Asia
4 minutes
Alors que le Mois des fiertés est célébré en juin presque partout dans le monde, une nouvelle étude commandée par AXA Asie révèle que nombreuses sont les entreprises, sur ce continent, qui échouent encore à procurer aux personnes LGBTQ+ un cadre de travail bienveillant grâce aux initiatives I&D (Inclusion et Diversité). Les conclusions de cette étude indiquent quels sont les domaines clés (notamment la tolérance, la culture d’entreprise et les impacts de la pandémie de Covid-19) dans lesquels des initiatives pourraient être mises en place pour aider à lutter contre les facteurs affectant le bien-être mental des salariés LGBTQ+.
Des entreprises souvent moins performantes en termes de sensibilisation et d’éducation aux questions LGBTQ+
Les entreprises jouent un rôle crucial dans la mise en place d’un environnement de travail inclusif et accueillant, en faisant preuve de leadership dans la sensibilisation aux questions LGBTQ+, et plus largement aux thématiques I&D. Cependant, selon cette étude, les progrès sont très inégaux. Dans l’ensemble, les entreprises hongkongaises ont été jugées moins performantes sur l’éducation LGBTQ+ que sur d’autres éléments clés de l’I&D, comme la parité hommes-femmes ou le racisme ; les entreprises internationales implantées à Hong Kong et aux Philippines sont davantage considérées comme performantes (55 % des opinions) que les entreprises nationales (36 %) du point de vue de l’éducation LGBTQ+ et de l’I&D. Globalement, les entreprises japonaises, elles, se sont plus clairement impliquées dans le soutien des causes et des communautés LGBTQ+ au cours de ces dernières années, en participant par exemple aux Rainbow Pride Parades, alors qu’on constate un engagement moins actif en Thaïlande, en particulier dans les secteurs plus traditionnels de la police, de l’armée ou encore de l’éducation.
Les entreprises se doivent pourtant de mieux prendre en compte ces questions si elles veulent se montrer compétitives dans un monde post-Covid de plus en plus concurrentiel, et dans lequel les capacités d’inclusion impactent directement le recrutement et la fidélisation des employés. 70 % des personnes interrogées à Hong Kong et aux Philippines estiment qu’il est important de dispenser une éducation I&D appropriée sur le lieu de travail, tandis que presque la moitié du panel se dit moins disposée à rester dans une entreprise qui négligerait ce type de sensibilisation.
Le fait d’être out
est encore souvent perçu comme un obstacle à la carrière professionnelle
Même si le cadre professionnel demeure un élément important de la vie quotidienne, l’étude démontre que de nombreuses personnes LGBTQ+ sont encore réticentes à l’idée de se montrer complètement out
sur leur lieu de travail. Alors qu’aux Philippines, 61 % des personnes interrogées ont révélé leur orientation sexuelle à tous leurs collègues, elles ne sont que 16 % à avoir fait de même à Hong Kong. Par contraste, presque 1/5e des personnes interrogées (soit 18 %) déclarent que personne sur leur lieu de travail n’est au courant de leur orientation sexuelle.
Le fait d’être out
sur son lieu de travail est réellement considéré comme un frein à la carrière à Hong Kong, où les personnes interrogées disent ressentir que leur identité LGBTQ+ affecte leur évolution et leurs perspectives professionnelles (31 %). C’est le contraire aux Philippines, où l’on relève une plus grande facilité à faire son coming-out et à assumer sa propre identité : c’est même un levier professionnel en termes de compétences et de performances (64 %) comme en termes de relations entre collègues (63 %).
Au Japon et en Thaïlande, les experts déclarent que l’acceptation sociétale des personnes LGBTQ+ a progressé grâce à leur plus grande représentation ; cependant, dans ces pays, les gens se sentent parfois encore limités sur leur lieu de travail par une certaine exigence de conformité aux rôles traditionnellement dévolus aux deux sexes, et s’estiment souvent victimes de discrimination.
Maki Muraki
Fondatrice de Nijiiro Diversity
On ne va pas vous brutaliser à cause de votre sexualité, mais vous pouvez ressentir une certaine discrimination. On vous ignore, on vous tient à l’écart. Parfois même on vous mute dans un autre secteur, une autre région. [On] limite vos perspectives, ou on attend simplement que vous démissionniez.
Des progrès toujours perceptibles malgré la pandémie
En dépit de ces difficultés persistantes, il y a toutefois une bonne nouvelle : il ne semble pas que le Covid-19 ait eu un impact négatif sur les progrès faits par la société pour mieux accepter les LGBTQ+ sur leur lieu de travail, malgré les problématiques soulevées par la pandémie à l’échelle mondiale. Pour la grande majorité des personnes interrogées dans les quatre zones géographiques concernées par cette enquête, le Covid-19 n’a pas érodé le degré d’acceptation ni le travail en faveur de l’intégration des LGBTQ+, grâce à des activités de sensibilisation qui se sont poursuivies en ligne.
Gordon Watson
Directeur Général Asie et Afrique (2018-2023)
Malgré les priorités concurrentes dans le contexte de la pandémie, la sensibilisation continue aux problèmes auxquels se heurte la communauté LGBTQ+ et les efforts faits pour améliorer l’inclusion et la diversité au sens large restent essentiels, y compris sur le lieu de travail. Les entreprises asiatiques qui souhaitent se développer dans le
monde d’aprèsdoivent permettre à leurs équipes de s’épanouir pleinement au travail, si elles veulent attirer, former et conserver les meilleurs éléments en cette période de changement.
Cette étude a été menée via un questionnaire en ligne adressé à des personnes s’identifiant comme LGBTQ+, dans la RAS de Hong Kong ainsi qu’aux Philippines. Y ont été ajoutés les points de vue de 5 influenceurs LGBTQ+ de premier plan au Japon et en Thaïlande, afin d’obtenir un panorama complet des progrès effectués sur ces problématiques au cours des 12 derniers mois. Le rapport détaillé de cette enquête est téléchargeable ici.
La version française est une traduction de l’article original en anglais, à des fins informatives exclusivement. En cas de divergences, l’article original en anglais prévaudra.