Claudio Gienal

Claudio GienalCEO d’AXA Royaume-Uni & Irlande

25 juillet 2021

Les technologies numériques pour autonomiser les soins de santé dans un monde post-pandémie

Claudio Gienal, CEO d’AXA Royaume-Uni & Irlande, s’engage à améliorer l’accessibilité à des soins de santé et de bien-être abordables et de qualité, avec pour priorité de donner à chacun l’opportunité de se responsabiliser et d’exercer son libre-arbitre en matière de santé. Il partage ici ses réflexions sur les tendances majeures impactant le domaine médical à la suite de la crise du Covid-19.

Data en santé

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Dès le début de la pandémie, le secteur de la santé a rapidement dû adopter de nouvelles technologies en matière de soins – un bouleversement qui se profilait depuis longtemps déjà dans l’ensemble du secteur, mais qui s’est accéléré dans le contexte de la crise sanitaire. Alors que le Royaume-Uni, tout comme le reste du monde, commence tout juste à se remettre sur pied, une opportunité inédite se présente de poursuivre le déploiement de ces technologies pour améliorer le système de soins ; une nécessité  accentuée par d’autres facteurs, comme l’instabilité économique, le vieillissement de la population ou encore l’augmentation du taux de chômage

Parallèlement au recours de plus en plus fréquent à la télémédecine, l’intelligence artificielle (IA) et les applications numériques vont continuer à refaçonner le secteur de la santé à mesure que les patients et les professionnels en maîtriseront mieux le fonctionnement. Au Royaume-Uni, par exemple, l’utilisation du service Dr@Hand mis en place par AXA, notre plateforme virtuelle de médecine générale, a grimpé en flèche, passant de 500 sessions par mois avant la pandémie à plus de 20 000 aujourd’hui. L’adoption croissante de l’IA et des outils numériques de diagnostic a permis de compenser la baisse des dépistages de routine, au moment où le NHS (National Health Service) se concentrait presque exclusivement sur la recherche traitement d’un contre le Covid-19. Le système de dépistage robotisé du cancer de la peau que nous avons conçu s’est révélé être un outil particulièrement efficace pour diagnostiquer les tumeurs malignes à un stade précoce.

Selon nous, l’utilisation accrue de la télémédecine, de l’IA et des applications numériques n’est pas une tendance passagère.

Et la  numérisation pourrait être encore mieux exploitée pour améliorer l’accès aux soins privés et renforcer les systèmes de santé. Au Royaume-Uni, à l’heure actuelle, seulement 11 % environ de la population bénéficie d’une assurance médicale privée. Grâce aux technologies numériques, nous pourrions rendre l’assurance maladie bien plus abordable en termes de coûts, et remédier en partie à la surcharge du NHS. 

La numérisation est donc le principal vecteur de ce bouleversement. Elle facilite l’accès aux soins primaires grâce à la flexibilité des plateformes de soins à distance ; elle réduit le coût des dépistages et des suivis médicaux de routine – notamment grâce aux wearables (objets de santé connectés) – et, plus important encore peut-être, elle rend le patient responsable de la prise en charge de sa propre santé.

La numérisation change profondément la donne, en rendant le patient responsable de sa propre santé.

Si les progrès de la médecine nous permettent de vivre plus longtemps, nous nous trouvons de plus en plus souvent exposés à des maladies chroniques dont beaucoup sont pourtant largement susceptibles d’être évitées. L’adoption d’une bonne hygiène de vie rend beaucoup moins vulnérable aux pathologies dégénératives liées à la vieillesse. L’âge de notre corps n’est pas forcément notre âge réel. 

Un mode de vie sain (surveiller son poids, éliminer le tabac, pratiquer une activité physique régulière, etc…) contribue significativement à prévenir les problèmes cardiaques, le diabète, certaines formes de cancers, la démence et l’arthrite. Les Chief Medical Officers (CMO) britanniques ont raison d’affirmer que  si l’activité physique était une drogue, nous l’utiliserions comme un remède miracle, au regard de toutes les pathologies graves qu’elle peut prévenir et aider à guérir[1] . Sur ce point, l’éducation joue un rôle essentiel – notamment auprès des jeunes, qui sont à un stade de leur existence où ils peuvent encore radicalement modifier leur trajectoire de santé -, mais il est également très important de travailler sur la motivation : là encore, les outils numériques peuvent être d’une grande aide, en surveillant nos comportements et en nous encourageant à adopter de meilleures habitudes.   

Selon les résultats d’une étude menée par Public Health England[2], au Royaume-Uni un homme sur trois et près d’une femme sur deux ne parviennent pas à pratiquer 150 minutes d’activité physique modérée par semaine – ou seulement 20 minutes par jour. La question de notre responsabilité personnelle vis-à-vis de notre santé est vitale ; prendre soin de soi n’est pas un acte égoïste. Essayez de répondre à cette question :  Si je ne suis pas en bonne santé, comment pourrai-je prendre soin de moi-même, de ma famille ? Que pourrai-je apporter à mon activité professionnelle ou à la communauté dans son ensemble ? 

Notre responsabilité personnelle vis-à-vis de notre santé est vitale ; prendre soin de soi n’est pas un acte égoïste.

Les wearables – qui permettent par exemple de surveiller notre niveau d’activité physique, nos habitudes de sommeil et notre pression sanguine – nous aident à acquérir davantage d’autonomie dans le contrôle de notre hygiène de vie, et c’est un phénomène encourageant[3]. En nous sensibilisant à la question de notre santé physique et mentale, ils nous incitent à adopter des comportements plus sains : une illustration concrète du rôle de responsabilisation que joue le numérique, en nous remettant aux manettes de notre propre santé.

Par ailleurs, l’activité physique a de nombreux effets bénéfiques sur la santé mentale, un phénomène récemment mis en lumière par la crise du Covid-19. La santé physique et la santé mentale sont indissociables : c’est la combinaison des deux qui nous fait garder l’équilibre. Prendre soin de sa santé mentale et lutter activement contre le stress sont des devoirs que nous avons envers nous-mêmes, ainsi qu’envers ceux qui comptent sur nous.

La santé physique et la santé mentale sont indissociables : c’est la combinaison des deux qui nous fait garder l’équilibre.

Cela vaut également pour nos aînés. La solitude et l’isolement font partie des principaux facteurs de mauvaise santé mentale pour les personnes âgées. Le principe de responsabilisation à l’égard de notre propre santé s’étend aussi à celle  de notre famille.

Mais au-delà de la responsabilité individuelle, ce défi ne peut être relevé que grâce à une collaboration étroite entre les gouvernements, les entreprises et les individus. La recherche sur le vaccin contre le Covid-19 vient par exemple de nous prouver la vertu de l’alliance entre les secteurs public et privé, et l’attente est toujours plus forte vis-à-vis des employeurs pour qu’ils assument un rôle actif dans le bien-être de leurs équipes, tant dans les systèmes centralisés que décentralisés. Les chefs d’entreprise sont de plus en plus conscients de l’importance de la santé mentale de leurs employés, et les bienfaits du yoga ou de la méditation sont à présent clairement établis. 

Les entreprises peuvent également travailler main dans la main sur ce sujet. AXA Royaume-Uni a déjà investi dans des collaborations avec plusieurs entreprises du secteur technologique. Outre Dr@Hand, nous avons co-développé un outil numérique permettant aux personnes âgées de rester plus longtemps indépendantes et de ne pas avoir à quitter leur domicile. C’est aussi une bonne nouvelle pour le système de santé dans son ensemble, qui doit faire face à une population de plus en plus vieillissante. Un certain nombre de joints-ventures sont en cours avec des entreprises de technologie, pour mettre sur le marché davantage de solutions innovantes. AXA collabore notamment avec Microsoft pour concevoir une plateforme numérique de santé, Healthanea, qui permettra de répondre à l’échelle mondiale aux besoins de nos clients dans ce domaine.

Ensemble, et grâce à une collaboration active, nous sommes en train de construire quelque chose de durable sur le long terme.

La version française est une traduction de l’article original en anglais, à des fins informatives exclusivement. En cas de divergences, l’article original en anglais prévaudra.

[1] UK Department of Health and Social Care: UK Chief Medical Officers' Physical Activity Guidelines, 7 September 2019

[2] Public Health England: Health matters: physical activity - prevention and management of long-term conditions, 23 January 2020

[3] Gabbiadini A, Greitemeyer T. Fitness mobile apps positively affect attitudes, perceived behavioral control and physical activities. J Sports Med Phys Fitness. 2019 Mar;59(3):407-414. doi: 10.23736/S0022-4707.18.08260-9. Epub 2018 Apr 4. PMID: 29619794.

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