Chris IggoCIO d’AXA IM Core Investments
22 septembre 2021
8 minutes
Les conclusions du rapport 2021 du GIEC sur le rythme et l’ampleur du réchauffement climatique sont alarmantes. Cette étude de près de 4 000 pages qualifie de sans équivoque
les effets néfastes causés par l’homme sur le climat, et précise que la situation est encore pire que ne le laissaient penser les prévisions.
Le changement climatique, parce qu’il représente un risque grave pour la santé, la sécurité alimentaire et l’intégrité de l’économie mondiale, constitue en effet la plus lourde menace à laquelle nous soyons tous confrontés. La récurrence des événements climatiques extrêmes, ces derniers temps, a mis en évidence les dangers auxquels nous devons faire face : records de chaleur en Amérique du Nord, incendies dans le bassin Méditerranéen et en Californie, inondations dévastatrices dans plusieurs régions de Chine et d’Europe.
En novembre prochain, les dirigeants de 197 pays se réuniront à Glasgow dans le cadre de la COP26, pour discuter des mesures à prendre en vue de respecter l’Accord de Paris, dont l’objectif est de contenir le réchauffement mondial en dessous de 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels. Un objectif encore réalisable, selon le GIEC, mais de justesse1.
La réalisation de l’Accord de Paris nécessite une transition concertée et collective vers une économie plus propre, de manière à réduire la quantité de carbone que nous émettons. On constate à travers le monde un véritable élan vers cette transition, qui mènera selon moi à un avenir économique plus solide et plus durable, tout en améliorant potentiellement les rendements financiers à long terme.
Nous avons aujourd’hui de bonnes raisons de nous attaquer aux défis environnementaux par le biais de nos investissements, et nous avons les moyens de le faire en utilisant nos capitaux pour aider à financer la transition des entreprises et des gouvernements vers un monde décarboné. La question que nous devons tous nous poser est de savoir si nos portefeuilles actuels sont alignés sur un avenir durable pour la planète et pour la société, ou s’ils contribuent à aggraver la dégradation de l’environnement et les inégalités sociales.
Les investisseurs doivent être informés des risques qu’ils prennent en investissant dans des entreprises que leur empreinte environnementale rendra moins performantes. Selon nous, loin de remettre en cause les objectifs financiers, les investissements respectueux du climat complètent et renforcent au contraire la compréhension que nous avons de ces objectifs. Il s’agit en fait, fondamentalement, d’une meilleure gestion du risque financier.
Heureusement, il est de plus en plus facile d’avoir accès à des analyses, à des données et à des méthodes de constitution de portefeuilles alignées sur cet objectif net zéro. Au niveau de la sélection des titres, il est aujourd’hui essentiel d’évaluer l’impact que peut avoir le changement climatique sur une entreprise donnée et sur sa rentabilité future. Quelles seraient les conséquences d’une inondation ou d’un autre accident météorologique sur cette entreprise ? Qu’est-ce que cela impliquerait au niveau de ses activités, de ses chaînes d’approvisionnement et de sa main-d’œuvre ?
Tous les fils d’actualité montrent bien à quel point les entreprises peuvent être – et sont déjà – gravement impactées par le changement climatique. Et ce n’est qu’un début : à mesure que les événements climatiques extrêmes deviennent plus fréquents, ces risques ne font qu’augmenter.
Les risques sont également d’ordre juridique et fiscal, car les gouvernements peuvent faire le choix d’augmenter les taxes pour réduire l’impact des émissions de carbone. Si les entreprises doivent payer plus cher leurs émissions de gaz à effet de serre (GES), leur rentabilité en sera fatalement affectée ainsi que, par rebond, les rendements des investisseurs. Les consommateurs, de leur côté, ont la possibilité de voter avec leurs pieds, en réduisant leur demande en biens ou en services d’une entreprise qui paraît menacée par le changement climatique ou qui contribue à augmenter les émissions de carbone.
Nous sommes capables d’analyser le taux d’émission de carbone d’une entreprise à chaque niveau de ses activités, et d’évaluer les risques qu’elle prend ainsi que les mesures qu’elle met en place pour limiter son empreinte carbone. Par exemple, le Groupe de travail sur la publication d’informations financières liées au climat continue d’exercer une forte pression sur les entreprises afin qu’elles divulguent de façon détaillée les données concernant l’impact environnemental de leurs activités.
Sous cet aspect, le Protocole des gaz à effet de serre constitue un autre outil précieux. Lancé en 2001, il s’agit de l’instrument de mesure des émissions de GES le plus reconnu à l’échelle internationale. Selon ce Protocole, les entreprises émettent du carbone par le biais de leurs activités directes (champ d’application 1), de l’importation ou de l’exportation d’électricité, de chaleur ou de vapeur (champ d’application 2) ou encore par le biais des achats de biens ou de services qu’elles utilisent tout au long de leur chaîne de valeur (champ d’application 3) : une répartition qui permet aux investisseurs de mieux comprendre ce que leur argent sert à financer.
En outre, de plus en plus d’entreprises se mettent à publier leur programme en matière d’empreinte carbone, dont beaucoup sont accrédités par des organismes indépendants, permettant ainsi aux investisseurs de suivre les progrès réalisés grâce à des données toujours plus détaillées.
Les données environnementales, sociales et de gouvernance (ESG), ainsi que les données relatives aux émissions de carbone peuvent également être utiles pour allouer des capitaux aux entreprises les plus exemplaires dans certains secteurs et bannir les retardataires. Tous ces aspects peuvent changer la donne, car les entreprises les moins performantes d’après les normes ESG devront alors faire face à un coût plus élevé du capital ; ce qui signifie qu’il faut cibler, au niveau de l’allocation d’actifs, les entreprises les mieux notées afin d’augmenter le score environnemental d’un portefeuille.
Mais au-delà des risques et des exclusions, il est également possible d’investir directement dans les actifs verts : obligations vertes, immobilier vert, secteur forestier, etc. De même, les nouvelles technologies utilisées pour faciliter la transition vers une économie plus propre fournissent aux investisseurs un très large éventail d’opportunités de placement. Ces technologies, à la fois directement et indirectement liées à la transition énergétique, connaissent une évolution rapide. On assiste déjà à des progrès significatifs dans le solaire, l’éolien et les autres sources d’énergies renouvelables, mais ces domaines doivent encore se développer massivement pour contribuer à lutter de manière efficace contre le changement climatique.
Le secteur de l’électrification intéresse également beaucoup les investisseurs, du transport jusqu’au chauffage domestique, en passant par certains des plus grands processus industriels. Il existe aussi, selon moi, de nombreuses opportunités d’investissement dans le domaine des carburants alternatifs comme l’hydrogène et les technologies qui leur sont liées. Et tout devra devenir de plus en plus intelligent. Les réseaux de distribution d’électricité se fournissent en énergie primaire auprès de divers fournisseurs d’énergie renouvelable, et doivent être gérés plus efficacement.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a élaboré une feuille de route pour réduire les émissions de carbone au cours des prochaines décennies, et fixé des étapes à franchir, dont plusieurs ont des implications importantes pour les investisseurs – et pour la croissance potentiel de certains secteurs.
Selon les prévisions de l’AIE, d’ici 2025 il n’y aura plus aucune vente de chaudières domestiques neuves utilisant des combustibles fossiles, ce qui laisse imaginer le volume des investissements à venir dans les modes de chauffage alternatifs.
De même, l’AIE affirme que 50 % des ventes de voitures et de poids-lourds neufs concerneront des véhicules électriques, respectivement à l’horizon 2030 et 2035. A l’heure actuelle, nous sommes encore loin d’avoir atteint ces objectifs.
Et d’ici 2040, environ 90 % de la capacité industrielle actuelle, dont une grande partie repose aujourd’hui sur des combustibles fossiles, aura atteint la fin de son cycle d’investissement, entraînant ainsi la nécessité d’un immense volume de capitaux.
Pour les investisseurs, il s’agit donc essentiellement de comprendre les risques que le changement climatique fait peser sur les business models, et de s’y adapter. Les entreprises dont l’empreinte environnementale est médiocre et dont les trajectoires en matière d’émissions de carbone sont mal conçues risquent de se montrer moins performantes ; et il se pourrait même, dans des cas extrêmes, que des actifs bloqués ne puissent plus faire l’objet d’un investissement en raison de l’instabilité politique ou de la transformation des modes de consommation. Heureusement, les investisseurs semblent réactifs, et les stratégies d’investissement durable attirent des volumes record d’argent nouvellement injecté2.
Les risques et les opportunités marchent main dans la main, et la transition énergétique va faire prospérer de nombreuses entreprises à travers de nombreux secteurs. Je suis convaincu que, dans tous les domaines, les leaders de la croissance seront celles qui sauront s’engager rapidement dans cette transition. Mais nous devons commencer dès maintenant. Si nous y parvenons collectivement, les performances financières à long terme seront probablement meilleures au fil du temps. Pour créer la prospérité de demain, nous devons dès aujourd’hui aligner nos portefeuilles sur un futur plus durable.
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